Toute la planète a basculé dans
la barbarie. Alimentée par une mondialisation sauvage, intensifiée par un
formidable collapsus financier, elle a culminé dans l’horreur avec la troisième
guerre globale 2030-2034, la « WW3 ». Au sortir de ce conflit émergent
quatre empires, fédérés par une gouvernance planétaire, théocratique et
totalitaire — l’« Alliance du Renouveau ». Celle-ci va tenter de reconstruire
un monde en proie au chaos et à la terreur ; de façonner un nouvel homme
autosoumis. La vie est menacée de disparition... Il faut agir vite.
Tou, le Grand Maître Suprême,
convoque, dans le « bunker » du Gardour, le sommet mondial extraordinaire de la
dernière chance, lequel entérine, le 1° janvier 2040, trois décisions
historiques. L’appel à l’aide militaire des Alphaïens pour rétablir l’ordre sur
la Terre. L’envoi d’une Mission exploratoire sur leur exoplanète. Et la
sanctuarisation sur Alpha du capital biologique et intellectuel terrestre.
Cet événement inouï intervient dans un contexte noir, manipulateur et
oppressif, marqué par l’emprise idéologique du Dogma et de son Nouveau
Décalogue ; par le fichage universel (Humanibook) ; par les sinistres
programmes de « transformation » du Sanisoc ; par l’omniprésente policière de
la Saluta ; par le déploiement d’une immense force armée supra-impériale, la
Fasi… Un régime renforcé par l’autosoumission de la masse des « bienheureux »,
infantilisés. Le tout au mépris de la dignité, en particulier de celle des « damnés »
contraints à l’errance perpétuelle, ou parqués dans de gigantesques camps de
l’oubli, dans les régions les plus hostiles du globe.
Cependant, malgré l’abjection et
la brutalité paralysantes et débilitantes du système, une résistance armée
planétaire parviendra à émerger : « Humanity ».
Devenu numéro deux de cette
organisation — violente par nécessité — Erwan Etlover, un homme d’une haute
noblesse, une âme bretonne généreuse, au cœur pur, à l’esprit de révolte, va
s’acharner à mettre en place, étape par étape, un plan global pour renverser
l’Alliance et ramener liberté et raison sur la Terre. Pour mener à bien cette
entreprise il s’entourera de vaillants compagnons d’armes, habités, comme lui,
par le refus du mal, de la bêtise et de l’injustice.
Les destins d’Erwan et de Julie
vont se croiser en 2039, au début du récit, dans un hôtel de Rosenfort où ils
étaient venus tous deux chercher refuge durant une tempête mémorable sur la
côte atlantique française. Ils vont interférer de nouveau, peu après, au cours
de la fameuse opération d’espionnage du susdit sommet mondial. Mais la
brillante étudiante en astrophysique sera arrêtée et emprisonnée par la Saluta,
du fait de sa complicité dans les enregistrements clandestins de cette
assemblée, lesquels vont permettre la révélation au monde de la plus grande
imposture de tous les temps. Toutefois, compte tenu de son exceptionnelle
intelligence et de ses compétences scientifiques, elle échappera à la torture
et à l’élimination. Contre toute attente, elle sera transférée dans un centre
spécialisé pour y subir une « transformation », puis une préparation pour
devenir la capitaine du vaisseau « Peace I » qui emmènera la Mission terrestre
sur Alpha…
Cette rencontre interplanétaire
permettra aux Alphaïens — des êtres « transvégétaux » supérieurement
intelligents et sages, s’il en est, dotés d’une civilisation bien plus avancée
technologiquement, pourvus d’un sixième sens stupéfiant, et qui observent de
loin les Terriens depuis des siècles — de se convaincre définitivement de
l’inhumanité ontologique… de l’homme.
Non seulement il ne servirait à rien de
l’aider, mais ils se doivent de l’empêcher de nuire à jamais. D’autant que le
temps presse, car en raison du refroidissement subit de son double soleil, la
planète verte risque de devenir inhabitable.
Le Trialphat — la gouvernance
alphaïenne — va ainsi concevoir un plan machiavélique pour tenter de sauver la
Terre, donc neutraliser sa principale menace, l’Humanité. En l’assujettissant,
et en l’utilisant, plutôt qu’en l’anéantissant. Du moins… en première
intention.
À cette fin, Julie va devenir, à
son insu, l’initiatrice d’une « mécanique contaminatoire » infernale, dont le
résultat inexorable devra être l’asservissement total des Humains au service de
la restauration de la planète bleue. Dans l’optique immédiate d’un probable
déménagement des Alphaïens sur cet astre, mais plus largement, et surtout, pour
le bénéfice de tout l’univers. Quant à Erwan, il en sera le moteur et le maître
exclusif, tout aussi inconscient.
Ce processus automatique de
soumission généralisée à une volonté unique va se dérouler comme prévu. Enfin
presque. L’Humanité officielle sera essentiellement domptée. Hormis la plus
grande partie des damnés, exclus du monde « civilisé ».
Mais les choses tourneront mal.
Car le nanorobot implanté dans le cerveau d’Etlover, devenu Président de la
République Mondiale, finira par se dérégler irréversiblement. Transformant son
hôte en un tyran d'une cruauté sans bornes, entraînant le réveil des damnés et
une quatrième et ultime guerre globale.
Dès lors, considérant la gravité
du désastre produit sur la Terre par l'extrême folie d’un seul homme, et ne
souhaitant pas renouveler l'expérience, les Alphaïens vont radicaliser leur position
et décider purement et simplement l’extermination des Humains… Toutefois, au
lieu de supprimer Etlover sans attendre, ils vont risquer de s'en servir une
dernière fois, en lui fournissant le moyen effroyable de la fin ultime de son
espèce.
De son côté, la révolte
des damnés prendra une ampleur fantastique. Ce sera « Le Grand Soulèvement »
des soldats de la Fraternité, contre la tyrannie de ce Président fou, sous la
conduite d’anciens compagnons d’armes d’Erwan.
Terré dans le monastère
Sainte-Catherine, dans le Sinaï, Etlover supervisera, entre ses accès de folie,
la mise au point de « Petite Fille[1] »,
la terrible bombe exterminatrice… Il finira, certes, par retrouver la raison,
et même par se faire arrêter… Mais trop tard !
Car le compte à rebours
de l’Apocalypse est inexorablement enclenché. « Petite Fille » exterminera,
sans aucune exception, toute l’espèce humaine. Du moins celle présente sur la
Terre le 21 juin 2057. Etlover passera ses derniers instants, entourés de
ceux qu’il aime le plus au monde, au fond d’une crypte du lieu saint. S’interrogeant
sur le sens de la vie, sur cette échelle absurde qui ne mène probablement nulle
part, que les uns appellent néant et les autres nomment Paradis… Enfer. Se
demandant si les Alphaïens, eux, savaient ce qu’il y avait après la mort.
*
Ce récit, écrit plus de deux mille ans après les événements dramatiques
qu’il relate, est l’aboutissement, à peine romancé et édulcoré, d’une enquête
objective acharnée. Il se veut un réquisitoire intraitable contre l’« Ancienne
Humanité ». Une accusation. Mais pas une alarme. Trop tard ! Enfin, peut-être
pas… Libre aux lecteurs d’il y a deux mille ans, à qui se livre est destiné,
d’y voir une solennelle objurgation de l’espèce humaine en proie à la folie, à
se changer d’urgence et à se dépasser.
L’auteur, Serge Guégan,
appartient à la « Nouvelle Humanité », issue du patrimoine génétique
archéohumain sanctuarisé sur Alpha et heureusement modifié. Enfin, juste ce
qu'il fallait. Le nouvel humain a été débarrassé de ses démons les plus
diaboliques. Mais, pour autant, l’essentiel de ce qui fait son essence
singulière a été préservé. Car la nature humaine ne saurait changer sans que
l’homme y perde. Ce qui, dans l’éternité, fait l’extraordinaire spécificité de
l’homme — sa grandeur et sa beauté — c’est qu’il est à la fois sage et fou.
Tout son génie réside dans la tentative impossible, incessamment renouvelée, de
dépasser totalement cette opposition.
Et ça, on n’y a pas touché. Car pure sagesse n’est que pure folie.
Soyons des fous sages. Refusons d’être les damnés de la Terre ! Soyons
héroïques et sublimes ! Prenons les armes du « Grand Soulèvement » !